Mise en place d’un suivi expérimental sur la dynamique du phosphore dans les sols

Le phosphore est l’élément fertilisant majeur apporté par les boues thermiques de Seine aval. Contrairement à l’azote, le comportement de cet élément dans le sol, suite à un apport organique, reste peu connu. De ce fait, le SIAAP a réalisé plusieurs études depuis 2001 portant sur cet élément :

  • Tests de biodisponibilité du phosphore à court terme en 2001 et 2006: ces tests ont permis de fixer la valeur fertilisante immédiate du phosphore à 75 % dans les boues de Seine aval. Cela signifie qu’un apport de phosphore par les boues de Seine aval représente 75 % de l’effet fertilisant d’un apport similaire de phosphore minéral, la première année.
  • Suivi de fermes pilotes de 2004 à 2010: ce suivi avait pour objectif de mesurer l’impact des apports de boues de Seine aval dans le temps, sur la teneur en phosphore des sols après plusieurs épandages. Les résultats n’ont pas montré d’enrichissement significatif des sols en phosphore.

Le SIAAP a poursuivi sa démarche en élaborant un dispositif expérimental complet, sur une parcelle unique, dont les paramètres sont contrôlés (fertilisation, dose d’épandage, dates d’intervention, analyses…), afin d’obtenir des données pouvant être traitées statistiquement. Ce dispositif vise à :

  • préciser la dynamique du phosphore des boues thermiques de Seine aval dans le sol et affiner les connaissances sur sa disponibilité pour la nutrition des cultures à l’échelle d’une rotation culturale;
  • évaluer le comportement, et en particulier la dynamique du phosphore, pour des boues traitées selon différents procédés: traitement thermique, centrifugation et compostage.

Pour ce projet, le SIAAP et son prestataire SEDE Environnement en charge de la mise en œuvre de la filière d’épandage, ont établi un partenariat avec l’Institut Polytechnique LaSalle-Beauvais, afin de disposer des moyens et du savoir-faire de personnel de recherche spécialisé pour la réalisation des analyses et l’accompagnement de l’interprétation des résultats. Ce suivi fera l’objet d’une thèse, en partenariat avec les trois organismes.

Un dispositif en plein champ a été mis en place en septembre 2015, sur une parcelle en limon sur craie gérée par la ferme expérimentale de l’Institut Polytechnique LaSalle Beauvais. Il est constitué de 20 placettes de 4 x 10 m, faisant l’objet de 5 traitements différents (4 placettes par traitement) :

  • apport de boues thermiques de Seine aval à la dose agronomique ;
  • apport d’engrais phosphatés (super46) équivalent à l’apport de phosphore réalisé par l’apport de boues thermiques de Seine aval ;
  • apport de composts de boues centrifugées de Seine aval à la dose agronomique ;
  • apport d’engrais phosphatés (super46) équivalent à l’apport de phosphore réalisé par l’apport de composts de boues centrifugées de Seine aval ;
  • témoin sans apport de phosphore.

Les apports de boues thermiques, composts de boues centrifugées et Super46 ont eu lieu le 16 septembre 2015, sur les placettes correspondantes. Le suivi analytique, permettant de suivre la dynamique du phosphore, a débuté suite à l’épandage. Il s’achèvera en 2018, trois ans après l’épandage.

Le dispositif en plein champ sera complété, à partir de 2016, par une expérimentation en laboratoire, permettant de vérifier en milieu contrôlé les résultats obtenus en plein champ, et de les approfondir, en testant notamment différents types de sols et de cultures.

L’étude aboutira à un mémoire de thèse en 2018. Elle apportera une meilleure connaissance du comportement du phosphore apporté par les boues et composts de boues de Seine aval dans les sols sur le moyen terme, et permettra d’affiner les conseils de fertilisation apportés aux agriculteurs.